Communiqué de presse

Des cultures améliorées pour assurer la sécurité alimentaire

En faisant appel à l'édition génétique, une nouvelle méthode de sélection végétale


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Cette technique pourrait assurer la sécurité alimentaire au niveau mondial. C’est l’analyse relayée cette semaine dans Science par une équipe internationale de chercheurs dont le Pr Hervé VANDERSCHUREN de Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège)

De nouvelles méthodes de sélection végétale ont vu le jour ces dernières années, dont celle de l’édition génétique. Dans la revue Science, une équipe internationale de chercheurs en génétique végétale soutient que ces nouvelles technologies de sélection végétale, soigneusement déployées et réglementées, peuvent contribuer de manière significative à la sécurité alimentaire mondiale en offrant des alternatives efficaces et complémentaires à l’amélioration végétale conventionnelle tout en étant intrinsèquement différentes des OGMs.

Des technologies comme le Rapid Generation Advance ou la descendance en semence unique minimisent déjà le cycle de vie des cultures et permettent l’accélération de la sélection et la fixation de gènes d’intérêt. Mais parmi ces technologies, la méthode des ciseaux moléculaires (CRISPR-Cas) s’est imposée comme une référence sûre pour l’édition du génome de plantes cultivées, avec une accélération des applications pour les principales céréales comme le riz, le blé et le maïs, mais aussi d’autres cultures importantes pour la sécurité alimentaires dans certaines régions du monde, comme celles de la banane et du manioc.

Le Professeur Hervé Vanderschuren, qui co-signe l’analyse des chercheurs dans Science, dirige le Laboratoire de Génétique végétale de Gembloux Agro-Bio Tech à l’ULiège. Dans de précédentes recherches, il a déjà démontré, par exemple, l’intérêt et l’efficacité de la technologie des ciseaux moléculaires CRISPR-Cas9 combinée à un facteur de floraison pour générer des lignées de manioc non-transgéniques présentant toutefois le caractère cireux souhaité de l’amidon. L'amidon dit cireux, qui contient peu ou pas d'amylose, est en effet très demandé sur le marché mondial. Importante source d’amidon, le manioc joue un rôle majeur dans la sécurité alimentaire de près de 500 millions de personnes dans le monde, et l’amidon contenu dans ses racines est utilisé dans l’industrie, ce qui ouvre des perspectives pour les cultivateurs locaux, en Afrique notamment mais aussi en Asie. C’est un excellent exemple des capacités et de l’avantage des méthodes d’édition génétique. D’autres projets visant à utiliser ces ciseaux moléculaires pour rendre des plantes d’intérêt agronomique résistantes aux pathogènes et réduire l’utilisation de pesticides sont également en cours dans le Laboratoire de Génétique végétale de Gembloux Agro-Bio Tech à l’ULiège.

L’absence de transgènes dans les cultures à génome édité pourrait réduire les coûts des procédures réglementaires, accélérer l’innovation, accroître la concurrence dans l’industrie des semences et rendre les semences améliorées plus abordables pour les agriculteurs des pays en développement. Par conséquent, c’est pour les scientifiques une technologie qui mérite d’être soutenue et déployée, en particulier dans les plus avancés des pays en développement, qui sont en meilleure position de force économique pour négocier des avantages mutuels avec les entreprises agroalimentaires.

Les chercheurs suggèrent que les progrès attendus des technologies d’édition du génome dans les cinq prochaines années pourraient résoudre des problèmes importants de ravageurs et de maladies des plantes, et rendre les cultures plus résistantes au stress climatique. Un développement public ou public-privé de variétés de plantes cultivées pourrait servir d’exemple pour renforcer la confiance des gouvernements et des populations dans les technologies d’édition du génome et en assurer un accès le plus large possible.

L’édition du génome des plantes cultivées est une approche à ne pas négliger dans la lutte contre la faim et la pauvreté, selon les chercheurs.

Source

Improved crops can contribute to a world without hunger, if properly managed. Science, March 29, 2019. DOI 10.1126/science.aav6316

Auteurs

Syed Shan-e-Ali Zaidi1,2, Hervé Vanderschuren1, Matin Qaim3, Magdy M. Mahfouz4, Ajay Kohli5, Shahid Mansoor2 and Mark Tester4

1 Plant Genetics, TERRA Teaching and Research Center, Gembloux Agro-Bio Tech, University of Liège,
2 National Institute for Biotechnology and Genetic Engineering, 38000 Faisalabad, Pakistan.
3 Department of Agricultural Economics and Rural Development, University of Goettingen, 37073 Goettingen.
4 King Abdullah University of Science and Technology (KAUST), Biological and Environmental Sciences & Engineering Division (BESE), 23955-6900 Thuwal, Saudi Arabia.
5 Strategic Innovation Platform, International Rice Research Institute, DAPO 7777, Makati, Philippines.

CRISPR-Cas est une nouvelle technique récemment découverte permettant, au moyen d’une enzyme et d’un ARN messager spécifique, de couper le génome à un endroit précis, facilement et rapidement. Les perspectives de cette technique de modification des séquences d’ADN (édition du génome) s’avèrent prometteuses, notamment en thérapie génique.

Contacts presse

Pr Hervé VANDERSCHUREN,
Laboratoire de Génétique végétale (Plant Genetics Lab) de Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège)
+32 81 62 25 71

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