Cours-Conférence

L’accompagnement des entreprises à l’heure de la digitalisation

Quel rôle pour l’université?


Infos

Dates
10 décembre 2018
Lieu
UCLouvain - Aula Magna - Foyer royal
Place Raymond Lemaire, 1
1348 Ottignies-Louvain-la-Neuve
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Horaires
De 17h30 à 19h30
Prix
Accès libre mais inscription obligatoire
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Séance inaugurale de la Chaire Francqui 2018 consacrée au changement organisationnel en contexte digital et décernée par l'UCLouvain au Pr François PICHAULT

La leçon inaugurale permettra d’établir le caractère incertain des prévisions relatives aux effets de la digitalisation.

Dans une première partie, nous passerons en revue les principales controverses qui émergent de la littérature prospective sur la transformation digitale des organisations et nous tenterons d’établir l’intérêt et la pertinence d’une approche socio-matérielle. Cette approche, qui explore les interactions entre présupposés organisationnels inscrits dans la technologie et contextes d’usage de celle-ci, est certes plus modeste dans ses ambitions généralisatrices, mais sans doute plus proche de la réalité. Elle plaide en faveur d’études longitudinales approfondies, de nature qualitative, cherchant à mieux saisir les dynamiques spécifiques de changement.

Dans une seconde partie, nous montrerons que la recherche académique peut remplir en la matière un rôle d’utilité collective, en mettant son expertise au service de l’accompagnement des transformations digitales des organisations et en observant de près les modes d’appropriation de la technologie. En repartant des principes fondamentaux de la recherche-intervention énoncés par Argyris (1970), nous aborderons quelques-unes des conditions à réunir pour qu’un accompagnement de ce type se déroule dans des conditions optimales, en les illustrant par des exemples concrets. Un tel travail de co-construction, basé sur l’interaction entre savoirs respectifs des acteurs de l’entreprise et du monde académique, nous paraît un des meilleurs moyens de faire face aux défis organisationnels de la digitalisation et de leur apporter des réponses appropriées.

À propos du conférencier

François PICHAULT, docteur en sociologie, est professeur titulaire à HEC Liège, Ecole de Gestion de l'Université de Liège et professeur affilié en gestion des ressources humaines à l’ESCP-Europe (Paris). Il est également directeur des études à Entreprise et Personnel (Paris). Il a créé et dirige le LENTIC depuis 1986. Il est l'auteur ou le co-auteur de nombreuses publications en théorie des organisations et en gestion des ressources humaines (une quinzaine d'ouvrages et une centaine de chapitres d’ouvrage et d'articles publiés dans des revues scientifiques). Ses sujets de recherche actuels concernent les partenariats inter-organisationnels, les nouvelles formes de travail et la gestion du changement. Il a supervisé plusieurs dizaines de thèses de doctorat et est engagé dans de nombreux réseaux de recherche internationaux. Il est également impliqué dans de nombreuses coopérations internationales, notamment en Afrique et en Europe de l’Est.

À propos de la Chaire Francqui 2018 - Le changement organisationnel en contexte digital

L’anticipation des effets des technologies digitales est sujette à de nombreuses controverses. Pour les uns, des menaces sérieuses pèsent sur l’emploi : près de la moitié des métiers actuels seraient soumis à court ou moyen terme à l’automatisation ; les métiers peu qualifiés seraient les plus touchés tandis que les nouveaux métiers en émergence exigeraient des compétences de plus en plus élevées, conduisant à une dualisation croissante du monde du travail en fonction des qualifications. Pour les autres, il faut plutôt parler de destruction créatrice : comme à d’autres périodes de l’histoire, les technologies digitales mèneraient à une création nette d’emplois. En outre, certains secteurs d’activité (comme les services de proximité) seraient largement épargnés. Ce type de controverse ne concerne pas seulement l’emploi, mais aussi l’organisation du travail et la qualité des services. Elle s’inscrit dans une vision déterministe de la technologie, dont la résurgence à l’heure de l’intelligence artificielle et de la robotique ne manque pas de frapper les analystes.

Dans le cadre de la Chaire Francqui, nous tenterons de nous éloigner d’une vision aussi mécaniste en soulignant les marges de manœuvre dont disposent les acteurs, les choix qu’ils opèrent, les compromis auxquels ils aboutissent au cours du processus de transformation digitale. On insistera sur le caractère inévitablement politique d’un tel processus. Nous serons attentifs à la diversité des trajectoires de changement, à leur réversibilité, aux multiples actions et réactions qui les sous-tendent et à leurs modalités de gestion.

A la suite de la leçon inaugurale, qui envisage le rôle de l’université dans l’accompagnement de la transformation digitale des entreprises, deux leçons aborderont les questions liées à l’émergence des nouvelles formes d’emploi: il s’agira notamment de réfléchir, de manière multidisciplinaire, aux spécificités des formes hybrides d’emploi (travail sur plateforme, crowdworking, travail « on call », etc.), à mi-chemin entre travail salarié et travail indépendant, ainsi qu’aux modalités d’action et de représentation collective les plus pertinentes qui les concernent. Les deux dernières leçons envisageront quant à elles les questions relatives aux nouvelles formes d’organisation du travail : on y abordera les diverses facettes de la conduite d’un projet de transformation digitale, en prêtant une attention particulière au secteur du journalisme.

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