Communiqué de presse

Découverte de la plus ancienne arme de chasse connue

Une publication dans le revue Journal of Archaeological Science


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Les archéologues de l’ULiège découvrent la plus ancienne arme de chasse composite connue, vieille de plus de 23 000 ans

Une étude pilotée par le CNRS (France) et l’Université de Liège, publiée dans la revue Journal of Archaeological Science, révèle la découverte inédite d’une arme vieille de plus de 23 000 ans dans un site du Sud-Est de la France. Une étude interdisciplinaire associant géomorphologues, géomaticiens, spécialistes des industries en pierre taillée et archéozoologues a permis de reconstituer, à partir des fragments d’une pointe en os découverte en association avec 11 barbelures en silex, ce qui est à ce jour la plus ancienne attestation formelle d’une pointe d’arme de chasse composite.

L’étude des armes préhistoriques repose le plus souvent sur des éléments isolés (pointes, armatures) dont il n’est pas toujours possible de comprendre la fonction exacte. Les caractéristiques de ces armes échappent encore en grande partie aux spécialistes. Depuis 2013, une équipe internationale coordonnée par le CNRS et l’Université de Liège fouille le site préhistorique des Prés de Laure (Comps-sur-Artuby) localisé dans la vallée du Jabron dans le nord du Var (France). Les fouilles sont menées avec le soutien du Ministère de la culture français via le Service régional de l’archéologie (SRA, PACA).

À la faveur de conditions de préservation tout à fait exceptionnelles, les chercheurs ont exhumé les restes de plusieurs occupations humaines étalées entre 35 000 et 20 000 ans. La découverte d’un tel site en moyenne montagne apporte des informations inédites sur la façon dont nos ancêtres chasseurs-cueilleurs se déplaçaient et exploitaient les ressources du territoire méditerranéen durant la dernière période glaciaire.

En 2015, les archéologues ont mis au jour une concentration de 11 petites pointes en silex distribuées de part et d’autre des fragments d’un élément osseux d’une dizaine de centimètres de longueur. Après avoir prélevé cette découverte et l’avoir fouillée en laboratoire, les chercheurs ont procédé à de multiples analyses portant sur le contexte de la découverte (géoarchéologie, analyse spatiale) et sur les vestiges eux-mêmes (analyse des éléments osseux, étude des pointes en silex).

Le laboratoire TraceoLab de l’Université de Liège a conduit l’analyse des pointes en silex pour parvenir à identifier les sources des matières premières utilisées, les méthodes de fabrications mise en oeuvre et la manière dont ces éléments ont été fixés sur la pointe en os.

Une partie importante de la démonstration repose sur la réalisation d’une expérimentation qui a nécessité la reproduction de 13 pointes en os et 100 barbelures en silex qui ont été projetées sur une cible artificielle au propulseur et à l’arc. C’est grâce à un tel protocole expérimental, rendu possible par la présence au sein de l’équipe d’un expérimentateur, que les chercheurs ont pu reconstituer l’arme et son fonctionnement.

Cette découverte est à ce jour la plus ancienne preuve d’une arme de chasse composite (une pointe de nature organique doublée de barbelures d’origine minérale). Cette arme a été utilisée, il y a plus de 23 000 ans, pour la chasse de chevaux dont les restes ont été retrouvés à proximité. Cette découverte permet de manière inédite de restituer une arme complète et d’en comprendre les caractéristiques balistiques. Elle permettra de réévaluer de nombreuses pointes en pierre découvertes isolément dans d’autres sites et contribue à mieux comprendre l’évolution des armes et techniques de chasse au cours de la Préhistoire en Europe.

Source

Antonin Tomasso, Veerle Rots, Louise Purdue, Sylvie Beyries, Mike Buckley, Carole Cheval, Dries Cnuts, Justin Coppe, Marie-Anne Julien, Michel Grenet, Christian Lepers, Mondher M’hamdi, Patrick Simon, Sabine Sorin, Guillaume Porraz, Gravettian weaponry : 23,500-yearold evidence of a composite barbed point from Les Prés de Laure (France), Journal of Archaeological Science (2018), https://doi.org/10.1016/j.jas.2018.05.003

Cette étude a fait l’objet d’une collaboration entre le CNRS (UMR 7041 ArScAn/AnTET et UMR 7264 CEPAM) et le laboratoire TraceoLab Préhistoire de l’Université de Liège. Elle implique plusieurs chercheurs de l’ULiège : Dr. Antonin Tomasso, chercheur postdoctoral Marie Curie COFUND, Dr. Veerle Rots, chercheur qualifié du FNRS, Christian Lepers, expérimentateur du TraceoLab ainsi que Justin Coppe et Dries Cnut, doctorants. Elle met en évidence plusieurs des domaines d’expertise de l’équipe du TraceoLab Préhistoire : l’analyse fonctionnelle, l’analyse de résidus et l’expérimentation

Plus d’infos sur TraceoLab Préhistoire à l’ULiège

Contact presse

Antonin Tomasso, +32 4 366 54 76, Antonin.Tomasso@uliege.be

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Photo © ATomasso_Illustrations

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